Vous saviez qu'il existait des gens vouant un culte aux sous-vêtements? Brûlant des habits sur l'autel de la nudité partielle? Qu'il y en avait qui rêvaient même de se transformer en légumes? J'en ai bouffé des écrits, mais encore à ce jour, le culte qui me semble le plus étrange était celui du Dieu unique. J'ai toujours été plus tournée vers la mythologie, nordique en fait. Je rêvais d'être une Valkyre, d'une vie moins morne. J'étais née avec une épée de Damoclès pendant au dessus de ma tête. J'ai vécu plus que je ne l'aurais du. Surprotégée, mes parents priaient pour ma survie. Encore fallait-il vivre... Je n'ai pas eu la vie palpitante dont je rêvais. Mes parents tentaient de m'inculquer des connaissances que je vomissait sans le moindre état d'âme. A quoi bon? De toute façon ça ne mènerait à rien. Ils étaient désespérés, mes professeurs abandonnèrent un à un l'idée de m'enseigner quoique ce soit, les seuls qui restèrent ne le firent que pour profiter du dévouement de mes parents. Eirik Irae, mon père, était prêtre à une époque où la religion représentait bien peu pour ses contemporains. Nora, ma mère, se contentait de rester chez nous, davantage pour ne pas affronter un monde ne lui correspondant plus que pour s'occuper de moi. Ils étaient restés figés dans une époque arriérée, celles des grands tableaux qui ornaient notre salon et qui sentaient la poussière. Ils étaient vieux, j'étais leur miracle. Mais le Seigneur n'aimant pas les heures sup' il avait quelque peu foiré ma conception, le cadeau empoisonné, le rêve fait cauchemar. Honnêtement, c'était digne des plus grands génies du mal, Dark Vador et Dr.Octopus pouvaient aller se rhabiller.

Enfin, vous voyez le tableau. Mais la médecine faisant des miracles mon sursit avait été prolongé, ma souffrance aussi. Mes parents me gardaient égoïstement, comme une poupée destinée à orner leur mobilier vieillot. Je sortais, rarement, mais ça arrivait. Toujours accompagnée, souvent pour rendre visite à des amis de la famille. Leurs enfants grandissaient dans une réalité complètement étrangère à la mienne. Lorsqu'on me parlait de l'école, ça me semblait aussi réel qu'Alice au pays des merveilles. Oui, j'avais aussi des livres un peu fantaisistes, toujours vieux, mais ils m'offraient un peu d'évasion dans ma prison moisie. Lors de ces quelques sorties je découvrais un nouveau monde, de nouveaux mondes. Bande-dessinées, dessins-animés, jeux-vidéos. Tant d'étrangetés jusqu'alors ignorées. Mes parents m'aimaient, je pense. D'un amour égoïste et étouffant, mais ils ne connaissaient rien d'autre. Je ne sais pas si j'ai jamais ressentis autre chose que de la pitié pour eux. Peu importe. Je les harcelais tellement qu'ils finirent par céder. Le monde actuel vint à moi, du moins ce que je pensais alors être le monde. Dans un premier temps on m'autorisa les chaînes diffusant les dessins-animés, puis les bandes-dessinées. Les jeux-vidéos et internet vinrent plus tard, vers la fin. J'avais alors dix-huit ans. C'était absurde. Le monde virtuel était tout ce pourquoi j'existais. Je n'avais rien en dehors. Et j'm'étais lamentablement vautrée. Oh, ça n'était qu'une erreur de plus, un missclick, la souris qui avait glissé. Mais j'avais alors dit merde au monde, alors que je fondais en larmes je réalisais à quel point j'étais pathétique. La majorité, le début de la vie... La blague. J'étais pas faite pour vivre aussi longtemps et c'était pas pour rien.

Ce jour là, j'ai tenté de ragequit ce monde de merde, sans grand succès. A mon réveil il y avait ce ticket dans ma poche où l'on pouvait voir griffonné l'inscription "7 days left". Au début j'ai cru à une blague de mon cousin pour me remonter le moral, je lui avait parlé de cette légende qui traînait sur le net. Je l'ai balancé, il est revenu. Je n'y croyais toujours pas, après tout, c'était absurde. Puis je ne voulais déjà pas de cette vie, qu'est-ce que je pourrais bien faire d'une autre ? J'ai décidé d'attendre les sept jours avant de retenter ma chance, juste par principe. Peut-être que le cousin avait prévu un miracle. Mais il n'a pas donné signe de vie le dernier jour. Alors j'ai sauté par la fenêtre et atterrit sur un putain de calèche... Quelle idée de se balader dans ce genre d'engin à notre époque... Tout est devenu noir.

Et me voici. Si les premières années sur Val'Sheer ont été compliquées en raison de ma maladie, la mutation à réglé le problème. En deux ans, j'ai pu découvrir le monde qui m'entourait, un décor digne de Bioshock, les monstres en moins. J'ai pu quitter mon travail à réaliser des conserves de sardine dans une chambre stérile, le pied absolu... Et faire une requête pour obtenir un poste qui me permettrait d'explorer le monde. C'est ainsi que je suis devenue chasseuse d'épaves dans le Grand Bleu.

Eden à des lignes noires qui se dessinent sur son cuir chevelu et redescendent dans sa nuque. Son trou se trouvait sur le sommet de son crâne là où trône désormais une immense méduse noire au vocabulaire vulgaire. Eden acheva sa mutation un jour où les méduses pleuvaient, l'une d'elle atterrit sur sa tête et voilà le résultat! En plus de l'excroissance trônant au sommet de son crâne, Eden à la peau transparente et une chair de méduse. Elle n'a plus de sang et son enveloppe se déchire très facilement.